vendredi 17 janvier 2020

L'estime de soi

À mes yeux, le manque d'estime de soi est la base de la majorité des problèmes de l'humanité. Le manque d'estime de soi naît en partie parce que les gens ne nous connaissent pas, donc ne nous font pas confiance, donc on en vient irrémédiablement à manquer d'expériences positives et donc à manquer d'estime de soi parce qu'on n'a pas pu faire nos preuves.
Quelle confiance peut-on avoir en un enfant ? On ne lui confie pas grand chose, parce qu'on a peur qu'il ne fasse pas les choses correctement. Tout le monde n'agit pas comme ça heureusement, mais rare sont les bons pédagogues et c'est une tâche difficile quand on est parent que d'accepter que son enfant ait grandi.

Ensuite l'adolescent ou le jeune adulte prend l'habitude de se limiter lui-même par ce jugement permanent sur lui (que le jugement soit explicite ou implicite) et il ne trouve plus l'audace de tenter quelque chose à SA manière. C'est comme ça que la population est toujours infantilisée, car même si nous sommes adultes, on nous traite toujours comme des enfants. Et puis c'est tellement gratifiant pour ceux qui ont l'autorité de maintenir cet état des choses afin de conserver leur position, puisque eux-mêmes ont aussi des problèmes d'ego.

Alors on cherche des gens qui sont déjà "en place", qui ont une forte personnalité, qui savent s'imposer et on cherche à leur plaire (j'ai passé une bonne partie de ma vie comme ça !). On surestime les gens qu'on admire, dans un état d'esprit manichéen, où les autres sont forcément parfaits puisqu'ils paraissent plus "grands" que nous et qu'ils font des choses qui nous dépassent. Et puis vient le jour où cette personne nous déçoit ou nous trahit, et là c'est la chute, parce qu'on a collé notre ego à cette personne.
Nous cherchons à les imiter, comme si c'était possible en quelques jours, alors que ces choses qu'ils font, qui nous paraissent si extraordinaires, ils ont mis des années à y parvenir ! Leurs enjeux n'étaient pas les nôtres, ni leur contexte, ni leurs relations. Alors on y arrive pas et on se décourage, parce qu'on a voulu faire comme les autres, au lieu de faire ce qu'on avait à faire, petit à petit, étape après étape. C'est assez paradoxale de voir que pour nous, autistes, si souvent autocentrés, nous manquons tellement de repères personnels et nous cherchons à plaire à des maîtres qui ne nous méritent pas.

On peut s'inspirer des autres, mais jamais les imiter. La société n'a pas besoin de clones mais d'originalité, d'audace, d'authenticité.
Il faut briser les mythes et l'admiration que nous avons de certaines personnes, car nous sommes tous égaux. Certains mettent plus de temps à faire certaines choses, ou bien nous ne sommes pas appelés à faire les mêmes choses (beaucoup de mes collègues font des conférences, mais moi je m'y refuse... pour l'instant).

Il faut avant tout chercher à se plaire à soi-même et savoir qu'on est aussi des gros cons de temps à autres, et qu'il faudra l'assumer pour vivre mieux.
Nous sommes nos propres maîtres, nos propres parents. C'est ça être adulte : pouvoir s'enfanter soi-même.

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