À mes yeux, le manque d'estime de soi est la base de la majorité des
problèmes de l'humanité. Le manque d'estime de soi naît en partie parce
que les gens ne nous
connaissent pas, donc ne nous font pas confiance, donc on en vient
irrémédiablement à manquer d'expériences
positives et donc à manquer d'estime de soi parce qu'on n'a pas pu faire
nos
preuves.
Quelle confiance peut-on avoir en un enfant ? On ne lui confie pas
grand chose, parce qu'on a peur qu'il ne fasse pas les choses
correctement. Tout le monde n'agit pas comme ça heureusement, mais rare
sont les bons pédagogues et c'est une tâche difficile quand on est
parent que d'accepter que son enfant ait grandi.
Ensuite l'adolescent ou le jeune adulte prend l'habitude de se
limiter lui-même par ce jugement permanent sur lui (que le jugement soit
explicite ou implicite) et il ne trouve plus l'audace de tenter quelque
chose à SA manière. C'est comme ça que la population est toujours
infantilisée, car même si nous sommes adultes, on nous traite toujours
comme des enfants. Et puis c'est tellement gratifiant pour ceux qui ont
l'autorité de maintenir cet état des choses afin de conserver leur
position, puisque eux-mêmes ont aussi des problèmes d'ego.
Alors on cherche des gens qui sont déjà "en place", qui ont une forte
personnalité, qui savent s'imposer et on cherche à leur plaire (j'ai
passé une bonne partie de ma vie comme ça !). On surestime les gens
qu'on admire, dans un état d'esprit manichéen, où les autres sont
forcément parfaits puisqu'ils paraissent plus "grands" que nous et
qu'ils font des choses qui nous dépassent. Et puis vient le jour où
cette personne nous déçoit ou nous trahit, et là c'est la chute, parce
qu'on a collé notre ego à cette personne.
Nous cherchons à les imiter, comme si c'était possible en quelques
jours, alors que ces choses qu'ils font, qui nous paraissent si
extraordinaires, ils ont mis des années à y parvenir ! Leurs enjeux
n'étaient pas les nôtres, ni leur contexte, ni leurs relations. Alors on
y arrive pas et on se décourage, parce qu'on a voulu faire comme les
autres, au lieu de faire ce qu'on avait à faire, petit à petit, étape
après étape. C'est assez paradoxale de voir que pour nous, autistes, si
souvent autocentrés, nous manquons tellement de repères personnels et
nous cherchons à plaire à des maîtres qui ne nous méritent pas.
On peut s'inspirer des autres, mais jamais les imiter. La société n'a
pas besoin de clones mais d'originalité, d'audace, d'authenticité.
Il faut briser les mythes et l'admiration que nous avons de certaines
personnes, car nous sommes tous égaux. Certains mettent plus de temps à
faire certaines choses, ou bien nous ne sommes pas appelés à faire les
mêmes choses (beaucoup de mes collègues font des conférences, mais moi
je m'y refuse... pour l'instant).
Il faut avant tout chercher à se plaire à soi-même et savoir qu'on
est aussi des gros cons de temps à autres, et qu'il faudra l'assumer
pour vivre mieux.
Nous sommes nos propres maîtres, nos propres parents. C'est ça être adulte : pouvoir s'enfanter soi-même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire